Conf¨¦rences
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Documents
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1- Soci¨¦t¨¦ Acad¨¦mique de Chauny (Aisne),
le 25 mai 2007
« 1914-1918 : les victimes civiles
axonaises et l¡¯oubli de l¡¯Histoire »
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L¡¯illustration
de la conf¨¦rence prendra appui sur les faits
relev¨¦s dans les villes et villages suivants
(liste ¨¦videmment non exhaustive) :
Chauny, Saint-Quentin, Holnon, Bony, Ognes,
Manicamp, Nouvron-Vingr¨¦, Le-Nouvion-en ¨CThi¨¦rarche,
Guise, Saint-Gobain, Bichancourt, Folembray,
Quierzy, Sissonne, mais |
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aussi et mod¨¦r¨¦ment
aux marges de l¡¯Aisne : Noyon, Appilly, etc.
Des t¨¦moignages seront mentionn¨¦s.
Base- Mon essai : « 1914-1918 : les victimes
oubli¨¦es ou la m¨¦moire occult¨¦e »
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Plan de l¡¯expos¨¦
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I- Introduction.
- Condition initiale : mes propos ne
pourront ¨ºtre pris pour une charge
anti-allemande, 90 ans apr¨¨s, il s¡¯agit de
r¨¦tablir une v¨¦rit¨¦ historique.
- Court historique des conditions du
d¨¦clanchement du conflit.
- Une autre vision de la guerre : la
propagande des deux côt¨¦s (les « francs-tireurs
» et les « barbares »), les victimes et le
deuil ignor¨¦s alors que la violence des
combats a ¨¦t¨¦ bien mise en valeur par le
livre, le cin¨¦ma, la TV et les sites
Internet.
II- L¡¯offensive d¡¯août 1914 : « Nach
Paris »
- Court historique
- Les exactions ¨¤ l¡¯aller puis au retour des
troupes allemandes, battues au cours de la
Premi¨¨re Bataille de la Marne
- Fixation du front et premi¨¨res directives
vexatoires des autorit¨¦s allemandes.
- Bilan catastrophique : volont¨¦ d¡¯imposer
la terreur par les directives de la haute
hi¨¦rarchie, notamment par le pillage, y
compris des hôpitaux ; les viols ; d¨¦ni des
intellectuels allemands sur l¡¯attitude de
leur arm¨¦e.
III- 1915-16 : « L¡¯heure allemande »
- Court historique.
- L¡¯organisation syst¨¦matique du pillage des
individus, de l¡¯outil agricole et de l¡¯outil
industriel.
- Situation sanitaire catastrophique : le «
C.R.B. », organisme de
ravitaillement par
les « neutres ».
- Chaque habitant est prisonnier dans sa
ville ou son village, peut ¨ºtre
r¨¦quisitionn¨¦ s¡¯il peut travailler (port du
« brassard rouge » obligatoire), contrôl¨¦,
voire pill¨¦.
- Les d¨¦portations et le camp de Holzminden.
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- Les « vexations sexuelles » visant les
femmes.
- Les conditions souvent terribles des camps
de travail.
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IV- 1917 : la politique de « la terre
brûl¨¦e »
- Court historique et retrait sur la ligne
Hindenburg.
- « Evacuation-d¨¦portation des personnes «
tri¨¦es », pillage et dynamitage des villes,
villages et monuments historiques.
- Le C.A.R.D., l¡¯aide am¨¦ricaine aux civils
dans l¡¯Aisne.
- « Evacuation » de Saint-Quentin.
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V- 1918 : la fin du cauchemar
- Court historique
- le flux et le reflux des troupes se font
dans nos r¨¦gions d¨¦j¨¤ d¨¦vast¨¦es et
pratiquement vides d¡¯habitants. C¡¯est dans
le Nord-Pas-de-Calais que les civils seront
«jet¨¦s» hors de leur ville ou de leur
village.
- Apparition de la grippe espagnole.
VI- Et « apr¨¨s » ?
- Bilan humain catastrophique qui s¡¯ajoute ¨¤
celui des combattants : le retour dans un
d¨¦partement ravag¨¦ ; t¨¦moignages.
- Bilan sanitaire d¨¦sastreux.
- La reconstruction des villes et des
campagnes.
VII- En conclusion.
- Le d¨¦ni et l¡¯omerta : le scandale du
tribunal de Leipzig, sens¨¦ juger les
criminels de guerre (tous relax¨¦s) et le
silence voulu entre les deux guerres et
jusqu¡¯¨¤ aujourd¡¯hui.
- Le caract¨¨re « anticipatoire » de la
conduite des allemands en 1914-18 vis-¨¤-vis
de leur comportement durant la Seconde
Guerre mondiale.
- La r¨¦miniscence des guerres ¨¤ pr¨¦textes
religieux («Gott mit uns») et «
civilisationnels » aujourd¡¯hui!
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Publication de l¡¯intervention sous forme
d¡¯un texte construit :
dans « M¨¦moire du Chaunois » :
http://memchau.free.fr/victimes_oubliees.pdf
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2- Association Histoire et Tradition,
Clermont (Oise)
Affiche :
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L¡¯association
Histoire et Tradition
pr¨¦sente :
Du d¨¦ni ¨¤ l'oubli des victimes
civiles
de la Grande Guerre

Conf¨¦rence propos¨¦e par
M.
Jean-Jacques Godfroid
Professeur Em¨¦rite, Soci¨¦taire de
M¨¦moires du Chaunois
¨¤ Clermont
Hôtel de ville - Salle Fernel
Samedi 13 octobre 2007 ¨¤ 15 heures
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Un document
¨¦crit et illustr¨¦ a ¨¦t¨¦ fourni pour paraître
dans le bulletin de l¡¯Association
Lyc¨¦e priv¨¦ de Beauvais, le 13 mars 2008
Institution
du St-Esprit, 68 rue de Pontoise
« 1914-1918 : Les oubli¨¦s du champ
d¡¯honneur »
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R¨¦sum¨¦ ¨¤
l¡¯usage des ¨¦l¨¨ves
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D¨¦portation de
314 civils pour travaux forc¨¦s ¨¤ Guiscard
(Oise), le 16
f¨¦vrier 1917
1914-1918, l¡¯Album de guerre,
L¡¯Illustration, p. 1164
¡¡
Le champ d¡¯honneur de cette Premi¨¨re Guerre
mondiale est jonch¨¦ des cadavres de huit
millions de morts militaires (Pour la France
1 400 000 tu¨¦s, au bout du compte, 17 % des
mobilis¨¦s), sans compter les bless¨¦s (2 800
000 français), les 300 000 mutil¨¦s/d¨¦figur¨¦s/gaz¨¦s.
Les 6,5 millions de victimes civiles, trop
souvent oubli¨¦es, ont ¨¦t¨¦ ex¨¦cut¨¦es, tu¨¦es
dans les bombardements et mortes dans les
camps (N¡¯oublions pas l¡¯extermination des
Arm¨¦niens). Pour le front ouest, apr¨¨s
l¡¯offensive allemande sauvage de l¡¯¨¦t¨¦ 1914,
particuli¨¨rement meurtri¨¨re pour les civils
(6 500 ex¨¦cut¨¦s en un peu plus d¡¯un mois
entre la Belgique, la r¨¦gion parisienne et
le nord-est de la France, plusieurs dizaines
d¡¯« Oradour-sur-Glane »), avec un nombre de
viols cons¨¦quent, mais, comme toujours, non
chiffrable, le joug allemand va s¡¯abattre
sur la Belgique et les 10% de territoire
français occup¨¦s au nord d¡¯une ligne de 750
Km allant de la Manche ¨¤ la Suisse.
C¡¯est sur ce terrain français occup¨¦ et aux
limites du front qui lui sert de fronti¨¨re
et qui ne bougera pratiquement pas jusqu¡¯en
1918, que vont se d¨¦rouler les batailles
parmi les plus meurtri¨¨res du 20e si¨¨cle
avec leurs lots de destructions.
Imaginez le sort de nos anc¨ºtres civils dans
cette tourmente et sous le joug allemand qui
va transformer villes et villages en
ghettos, faire travailler de force la
population, voire la d¨¦porter dans des camps
de travail souvent mortif¨¨res, s¨¦parer les
m¨¨res des enfants, laisser mourir les plus
faibles. C¡¯est impossible, c¡¯est
inimaginable, et, pire, il a ¨¦t¨¦ occult¨¦
entre les deux guerres et, apr¨¨s la Seconde,
beaucoup trop longtemps en France ¡ Au moins
180 000 Français et Belges seront d¨¦port¨¦s
comme otages ou travailleurs forc¨¦s, 30 000
en mourront et 8 000 seront fusill¨¦s (Selon
la plaque comm¨¦morative ¨¤ l¡¯entr¨¦e de la
citadelle de Sedan, transform¨¦e en camp
d¡¯extermination en 1917-1918).
Aux d¨¦portations, il faudra ajouter les «
¨¦vacuations » de villes et villages pour des
raisons strat¨¦giques, en f¨¦vrier-mars 1917:
par exemple, les 40 000 habitants de
Saint-Quentin (Aisne) rejoindront
majoritairement des camps de travail (Ma
m¨¨re, trois ans, sa m¨¨re et ses grands-parents,
en feront partie, d¨¦port¨¦s dans le camp de
Brieulles, Ardennes).
À y ajouter encore, les tu¨¦s sous les bombes
et les obus alli¨¦s et allemands, ceux qui
auront p¨¦ri jet¨¦s sur les routes par les
Allemands lors de leur retraite en 1918, les
malades laiss¨¦s sans soin dans des
hôpitaux-mouroirs (Par exemple : mille d¨¦c¨¨s
¨¤ Effry et Tr¨¦lon, Aisne, en 1917-18) et
ceux qui succomberont des suites de la
malnutrition et de leur incarc¨¦ration
inhumaine. Difficile ¨¤ chiffrer !
« Un peuple qui oublie son pass¨¦ se
condamne ¨¤ le revivre », ¨¦crira Winston
Churchill
C¡¯est exactement ce qui est arriv¨¦ en 1940 ;
la Premi¨¨re Guerre, appel¨¦e aussi la Grande
Guerre, aura ¨¦t¨¦ pr¨¦monitoire, ou autrement
dit, le lit de la Seconde.
¡¡
Si chacun des protagonistes a eu ses raisons
propres pour aller ¨¤ ce qui deviendra un
massacre, cette guerre aura comme
caract¨¦ristique d¡¯¨ºtre consid¨¦r¨¦e par les
deux camps comme un affrontement «
civilisationnel » (barbarisme, utilis¨¦ par
certains historiens pour se rapprocher du
terme allemand, « Kultur », ¨¤ double sens «
culture et civilisation ») d¡¯une rare
violence de part et d¡¯autre (Nationalisme
exacerb¨¦, propagande, censure, etc.). Le
consensus patriotique va r¨¦gner des deux
côt¨¦s du Rhin et les |
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autorit¨¦s morales n¡¯y
r¨¦sisteront pas: religieuses, catholiques
et protestants, intellectuelles et
pacifistes, socialistes français et
sociaux-d¨¦mocrates allemands. La guerre sera
donc « terroriste » o¨´ la convention de La Haye aura ¨¦t¨¦ d¡¯embl¨¦e mise au placard par
l¡¯Allemagne (Invasion de la Belgique neutre,
non respect du droit des gens, etc.),
ex¨¦cutions de bless¨¦s des deux côt¨¦s¡
Il n¡¯est donc pas ¨¦tonnant que cette guerre
fut aussi d¨¦sastreuse pour les populations
civiles.
Le bilan humain est terrible : ¨¤ la
lib¨¦ration, en France occup¨¦e, deux millions
de personnes sont au bord de la famine, la
grippe espagnole a touch¨¦ les plus faibles
(130 000 sur toute le France, sans pouvoir
distinguer les cas dans la France occup¨¦e)
et les atteintes tuberculeuses se
d¨¦veloppent surtout chez les enfants et
adolescents et les ancien(ne)s d¨¦port¨¦(e)s.
Le bilan mat¨¦riel est non moins
catastrophique. Villes et villages bombard¨¦s,
incendi¨¦s, dynamit¨¦s et pill¨¦s, 289 000
maisons ras¨¦es, 422 000 endommag¨¦es en
France occup¨¦e ; Lille, Saint-Quentin, Ham,
Noyon, Chauny, Cambrai, Anvers, etc. et aux
limites du front, Arras, Reims, Verdun,
Soissons, Ypres, etc., d¨¦truits pour
certains ¨¤ 80 % ; des villages auront
disparu de la carte, dans le nord-est et le
nord de la France, m¨ºme en dehors des faits
de guerre.
Le potentiel industriel a ¨¦t¨¦ pill¨¦ pendant
l¡¯occupation et totalement ravag¨¦ par les
Allemands en retraite, jusqu¡¯¨¤ noyer les
galeries des mines.
Au niveau agricole, la m¨ºme folie a r¨¦gn¨¦ :
destruction des for¨ºts, des cultures, des
arbres fruitiers, du cheptel, des fermes, du
mat¨¦riel, etc.
On ajoutera les millions d¡¯obus non explos¨¦s
et de mines (op¨¦rations d¡¯¨¦radication encore
quotidiennes aujourd¡¯hui), les milliers de
kilom¨¨tres de barbel¨¦s, les tranch¨¦es ¨¤
combler, les blockhaus, les sols pollu¨¦s par
les cadavres et les r¨¦sidus de gaz, les
routes, les voies navigables et les lignes
de chemin de fer ¨¦ventr¨¦es.
Trois millions d¡¯hectares de bonnes terres
sont inutilisables.
Le patrimoine culturel n¡¯aura pas ¨¦t¨¦
¨¦pargn¨¦ par les compatriotes de Goethe :
pillage, dynamitage de châteaux, d¡¯¨¦glises,
etc., en dehors des bombardements
volontaires ou non.
Les ¨¦valuations les plus s¨¦rieuses chiffrent
les dommages ¨¤ 130 milliards de Francs or.
Dans un effort surhumain, dans un territoire
totalement ravag¨¦, les habitants de ces
r¨¦gions, vont devoir, non seulement
affronter les deuils des fils, des maris et
des p¨¨res tu¨¦s durant cette guerre « totale
», mais ils devront aussi faire table rase
de cette occupation impitoyable et
reconstruire leurs villages et leurs villes
souvent sciemment d¨¦truits et mis ¨¤ sac.
Il faudra encore une guerre mondiale pour
que l¡¯Europe naisse de la r¨¦conciliation
entre les deux peuples.
Si les Allemands ont reconnu leurs
responsabilit¨¦s et leurs fautes dans la
Seconde Guerre mondiale, leurs autorit¨¦s
morales auront toujours refus¨¦ de consid¨¦rer
les faits d¡¯atrocit¨¦s dans la Premi¨¨re et
c¡¯est pour cela qu¡¯il faut conserver la
m¨¦moire. Reprenons la conclusion de la
plaque ¨¤ l¡¯entr¨¦e de la Citadelle de Sedan :
¡¡
« Effaçons
la haine
Mais conservons le souvenir »
¡¡ |
Jean-Jacques Godfroid,
Ancien Professeur des Universit¨¦s
Ancien Directeur du Laboratoire de
Pharmacochimie Mol¨¦culaire, Universit¨¦ Paris
7-Denis Diderot.
¡¡
Publications dans le domaine
«1914-1916 : Les victimes civiles axonaises
oubli¨¦es » dans « M¨¦moires du Chaunois
», rubrique « Grenier » :
http://memchau.free.fr
¡¡
3- École publique de Manicamp, le 11
septembre 2009
Rencontre avec les ¨¦l¨¨ves sur la «
M¨¦moire » et d¨¦dicace du livre.
L¡¯auteur a r¨¦pondu aux questions suivantes,
¨¦videmment surprenantes parfois, pos¨¦es ¨¤
l¡¯avance par les ¨¦l¨¨ves, via Internet.
¡¡
Questionnaire pour Monsieur Godfroid
¡¡
1. Pourquoi
avez-vous choisi de parler de Manicamp ?
2. Pourquoi avez-vous ¨¦crit ce livre ?
3. Quand avez-vous commenc¨¦ ?
4. Combien de temps avez-vous pris pour
l¡¯¨¦crire ?
5. De quoi vous ¨ºtes-vous inspir¨¦ ?
6. Comment avez-vous eu l¡¯id¨¦e d¡¯¨¦crire ce
livre ?
7. O¨´ avez-vous trouv¨¦ toutes ces
informations ?
8. Pourquoi nous avoir donn¨¦ ce livre ?
9. Comment l¡¯avez-vous fait ?
10. Comment vous ¨ºtes vous procur¨¦ ces
photos ?
11. Avez-vous produit ces textes seuls ?
12. Pourquoi avez-vous travaill¨¦ sur la
guerre 14-18, et pas sur celle de 40 ?
13. Pourquoi avez-vous choisi cette
couverture ?
14. Pourquoi avez-vous int¨¦gr¨¦ ce CD ?
15. Comment avez-vous trouv¨¦ ce titre ? |
¡¡ |
16. Pourquoi avez-vous d¨¦cid¨¦ d¡¯¨ºtre auteur
?
17. Pourquoi avez-vous mis autant de textes
?
18. Avez-vous quelqu¡¯un de votre famille qui
a fait la guerre 14-18 ?
19. Comment avez-vous eu des renseignements
sur les villages ?
20. Comment l¡¯avez-vous illustr¨¦ ?
21. Combien avez-vous parcouru de villages ?
22. Quand avez-vous termin¨¦ ce livre ?
23. Pourquoi avoir surtout travaill¨¦ sur les
civils ?
24. Est-ce dur d¡¯¨¦crire un livre ?
25. O¨´ avez-vous fait ce livre ?
26. Est-ce que ça coûte cher de faire un
livre ?
27. Avez-vous pris du plaisir ¨¤ l¡¯¨¦crire ?
28. Est-ce le premier livre que vous ¨¦crivez
?
29. Y aura-t-il une suite ? |
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Il a
ensuite ¨¦t¨¦ proc¨¦d¨¦ ¨¤ des d¨¦dicaces
sur les livres achet¨¦s par les
parents des ¨¦l¨¨ves. Notons encore
que ce village a ¨¦t¨¦ totalement
d¨¦truit en 1917 et qu¡¯il est le
berceau de mes anc¨ºtres dans la
branche Leroux, celle de ma grand-m¨¨re
paternelle. |
Autres photos : voir
presse
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4- Lyc¨¦e priv¨¦ de Beauvais, le 4 mars 2010
Institution du St-Esprit, Él¨¨ves de Premi¨¨re
¡¡
R¨¦sum¨¦ ¨¤ l¡¯usage des ¨¦l¨¨ves
« 1914-1918- La vie des civils autour du
front et dans la France occup¨¦e »
Lazare PONTICELLI, le
dernier poilu de la guerre 14-18,
avait exprim¨¦ le vœu, pour son
enterrement national, que le
gouvernement rendit hommage aux
victimes civiles et militaires
de la Grande guerre.
Pris par
l¡¯inclination de majorer la
« m¨¦moire militaire », attitude
constante des gouvernants
d¡¯entre-deux guerres (1)
et d¡¯apr¨¨s-guerre 40-45, le Chef de
l¡¯État et Max GALLO vont oublier
d¡¯honorer la premi¨¨re partie de la
demande du vieil homme pour
n¡¯exprimer que le sacrifice et la
souffrance des soldats.
Pourtant les civils,
pris dans l¡¯¨¦tau de tous les
conflits, sont toujours victimes des
« effets collat¨¦raux », comme
l¡¯expriment les militaires encore
aujourd¡¯hui. On les oublie d¡¯autant
plus qu¡¯ils sont la mauvaise
conscience des bellig¨¦rants :
massacres, viols, d¨¦portations,
enfants ill¨¦gitimes, boucliers
humains, bombardements par les deux
camps.
Si la Grande Guerre
fut un immense cimeti¨¨re pour les
militaires, on oublie qu¡¯une
population française ¨¦tait enserr¨¦e
dans un territoire occup¨¦ par les
Allemands, limit¨¦ ¨¤ 10% de la France
, l¨¤ o¨´ se sont concentr¨¦es
les batailles parmi
les plus meurtri¨¨res du XXe
si¨¨cle et l¨¤ o¨´ s¡¯est exerc¨¦ le joug
de l¡¯occupation.
En gros on peut
sch¨¦matiser cette guerre en quatre
phases qui auront des cons¨¦quences
d¨¦sastreuses pour les populations
civiles. Nous y ajouterons la phase
de retour des r¨¦fugi¨¦s et de la
reconstruction.
I- L¡¯offensive d¡¯août
1914 depuis la Belgique jusqu¡¯au
front fix¨¦ apr¨¨s les batailles de la
Marne et du Grand Couronn¨¦ sera
d¨¦sastreuse et verra en trois
semaines 6500 victimes ex¨¦cut¨¦es
sauvagement parmi la population
civile dont 5000 en Belgique. C¡¯est
alors qu¡¯un mouvement de fuite
effr¨¦n¨¦e des populations belges
-1 500 000- va d¨¦ferler sur la
Hollande et, ¨¤ moindre titre, sur la
G-B. Elle accompagnera aussi les
habitants du nord et du nord-est de
la France vers la zone non occup¨¦e.
C¡¯est suite ¨¤ ces ¨¦v¨¦nements que le
CICR (Comit¨¦ International de la
Croix Rouge) va cr¨¦er une agence de
recherche pour faire face ¨¤ ce
d¨¦ferlement qui prendra d¨¨s la fin
1914 une ampleur ¨¤ la mesure de la
tâche ¨¤ accomplir.
C¡¯¨¦tait le d¨¦but
d¡¯une guerre terroriste, attis¨¦e par
une propagande haineuse des deux
côt¨¦s.
II- 1915-1916-
L¡¯enlisement des troupes dans les
tranch¨¦es cr¨¦era une zone occup¨¦e
limit¨¦e en France, de la Mer du Nord
¨¤ la Suisse sur une ligne d¡¯environ
750 km, et enserrera la
quasi-totalit¨¦ de la Belgique. Ce
temps d¡¯occupation verra se
d¨¦velopper les camps de travail
obligatoire en zone occup¨¦e et de
d¨¦portation en Allemagne ; on y
ajoutera l¡¯organisation de la
famine, la ghettoïsation des villes
et des villages, les humiliations
¨Ctout homme en possibilit¨¦ de
travailler portera un brassard
rouge-, etc.
Tout ce qui pouvait
¨ºtre pr¨¦monitoire de la Seconde
Guerre mondiale¡.
Cette phase de
batailles meurtri¨¨res qui ne fera
gagner que peu de terrain aux deux
camps, va atteindre les civils des
deux côt¨¦s du front, essentiellement
par les bombardements de
l¡¯artillerie lourde, les zeppelins
et d¨¦j¨¤ par l¡¯aviation qui se
d¨¦veloppe tr¨¨s vite. La vie des
civils en deviendra tellement
intenable que certaines villes
seront ¨¦vacu¨¦es comme Verdun pendant
la bataille du m¨ºme nom. On y
ajoutera Arras, Reims, Soissons,
etc. côt¨¦ Français et Noyon, Chauny,
Saint-Quentin, etc. côt¨¦ territoire
occup¨¦.
III- 1917- Si le
front ne va toujours pas ¨¦voluer en
d¨¦pit de batailles meurtri¨¨res (en
Somme, Chemin des Dames, entre
autres), le recul strat |
¡¡ |
¨¦gique des Allemands
sur la ligne Hindenburg, va utiliser
la m¨¦thode de la « terre brûl¨¦e » ou
plutôt la cr¨¦ation d¡¯un « royaume de
la mort » comme l¡¯¨¦crivit un
quotidien allemand. Cet ¨¦pisode va
toucher surtout le d¨¦partement de
l¡¯Aisne ; r¨¦quisition de toute la
population, tri des personnes
susceptibles de travailler, les
autres laiss¨¦s sur place, mise ¨¤ sac
des habitations qui seront ensuite
dynamit¨¦es, destruction des vergers
et des for¨ºts, empoisonnement des
puits, etc. Saint-Quentin, plac¨¦
alors aux limites du front voulu par
les Allemands, sera ¨¦vacu¨¦ en
f¨¦vrier-mars, soit 40 000 personnes
en deux semaines, dans des
conditions climatiques
¨¦pouvantables, envoy¨¦es en camp de
travail en Belgique ou dans le
Nord-est occup¨¦.
IV- 1918- C¡¯est le
temps des offensives. L¡¯arm¨¦e
allemande va enfoncer le front en
plusieurs points sans pouvoir
atteindre Paris. La contre-offensive
des Alli¨¦s avec le renfort des
soldats am¨¦ricains va ¨ºtre d¨¦cisive,
pour aller jusqu¡¯¨¤ l¡¯armistice de
novembre.
D¡¯une part, les
offensives allemandes ont eu comme
cons¨¦quence d¡¯augmenter encore le
nombre des d¨¦plac¨¦s.
À la fin du conflit 2 000 000 de
personnes auront ¨¦t¨¦ des r¨¦fugi¨¦s,
soit pr¨¨s d¡¯un habitant sur deux de
la zone occup¨¦e ou voisine du front.
D¡¯autre part, le
recul des occupants sous les coups
de butoir des Alli¨¦s va entraîner un
autre drame : 250 000 civils devront
suivre l¡¯arm¨¦e du IIe
Reich en pleine d¨¦bandade qui se
servira d¡¯eux comme bouclier humain,
alors que l¡¯ordre est donn¨¦ aux
troupes allemandes de tout d¨¦truire.
À la fin de la guerre plus de 80% du
patrimoine immobilier et industriel
¨Cles mines auront ¨¦t¨¦ inond¨¦es-
seront d¨¦vast¨¦s dans le Nord et le
Nord-est.
V- L¡¯apr¨¨s-guerre -
Il est ais¨¦ d¡¯imaginer les
sentiments des r¨¦fugi¨¦s souvent mal
aim¨¦s en zone libre ¨Con les
appellera « Boches du Nord »- quand
ils regagnent leur terroir d¨¦vast¨¦.
Que penser du retour de ceux ou
celles qui sortent des camps de
travail ou de concentration ? La
douleur qui a gagn¨¦ toutes les
familles françaises avec la perte
d¡¯un, voire plusieurs hommes de la
famille morts au champ de bataille
sans compter les bless¨¦s et gaz¨¦s,
va s¡¯entrechoquer avec la d¨¦couverte
de leur patrimoine en ruines. Les
morts subites, les d¨¦pressions et
les suicides seront nombreux !
Ils seront indemnis¨¦s
et ils reconstruiront ou feront
construire leur habitation avec
courage apr¨¨s avoir v¨¦cu dans des
bâtiments provisoires en bois, en
briques ou en tôle.
Ils n¡¯auront pas la
reconnaissance du poilu, ils ont ¨¦t¨¦
des « Boches » quelque part et ne
pourront faire leur deuil de leur
v¨¦cu douloureux. Les criminels de
guerre allemands jug¨¦s par une
cours de justice -le tribunal de
Leipzig- men¨¦e par des juges
allemands seront tous acquitt¨¦s. Les
gouvernements occidentaux, pour ne
pas g¨ºner les d¨¦mocrates allemands,
n¡¯insisteront pas devant la mont¨¦e
du nationalisme pangermanique qui
s¡¯est fait du refus de l¡¯humiliation
de la d¨¦faite son fond de commerce.
Renoncement inutile puisqu¡¯il
n¡¯emp¨ºchera pas Hitler de
triompher.
De plus, les
politiques français les inciteront ¨¤
oublier. Par contre, en Belgique, o¨´
le nombre des victimes civiles (2) a
d¨¦pass¨¦ celui des militaires, la
m¨¦moire est encore pr¨¦sente, surtout
que les troupes allemandes y ont
commis plusieurs
« Oradour-sur-Glane » !
Il faudra attendre
les ann¨¦es 90, 70 ans apr¨¨s, pour
voir apparaître les premiers ¨¦crits
d¡¯historiens sur le sort des civils
dans la zone occup¨¦e. |
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Notes
1.
Georges Cl¨¦menceau ¨¦crira avec emphase : ¡
La France agress¨¦e par l¡¯Allemagne imp¨¦riale
retrouvait apr¨¨s avoir d¨¦fendu son sol et
ses valeurs « sa place dans le monde pour
poursuivre sa course magnifique dans
l¡¯infini du progr¨¨s humain, autrefois soldat
de Dieu, aujourd¡¯hui soldat de l¡¯humanit¨¦,
toujours soldat de l¡¯id¨¦al ». Quid du
sacrifice des civils ?
2.
Les victimes civiles et militaires, bilan.
Il est toujours difficile
d¡¯¨¦tablir un bilan des victimes civiles par
rapport aux militaires pour des raisons
¨¦videntes. Les chiffres font toujours
l¡¯objet de pol¨¦miques suivant le camp o¨´
l¡¯on se trouve. Un article est paru
r¨¦cemment dans WIKIPEDIA, tr¨¨s bien
r¨¦f¨¦renc¨¦ aupr¨¨s d¡¯organismes
internationaux.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pertes_humaines_de_la_Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale
L¡¯adage selon lequel la
Grande Guerre a ¨¦t¨¦ meurtri¨¨re
principalement pour les militaires est battu
en br¨¨che avec les r¨¦sultats
suivants (arrondis):
Pertes militaires : 9 700 000
(21 300 000 bless¨¦s) ; pertes civiles :
8 800 000
Pertes totales : 18 600 000
% total des pertes : Empires
Centraux - Civils : 22 ; militaires : 22
Entente - Civils : 20 ;
militaires : 36
Pertes civiles en France (sur
10% du territoire) : 300 000 pour 1 400 000
militaires.
Pertes civiles en Belgique :
62 000 pour 43 000 militaires
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Jean-Jacques Godfroid
Ancien Professeur des Universit¨¦s
Vice-pr¨¦sident de « M¨¦moires du Chaunois »
Membre de la Soci¨¦t¨¦ Acad¨¦mique de Chauny
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Le conf¨¦rencier |
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Une vue du public
avant la conf¨¦rence |
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5- IUTA de Saint-Quentin, antenne de l¡¯Universit¨¦ Jules
Verne d¡¯Amiens, ¨¤ l'INSSET, le 10 mars 2010
«Les Boches du Nord, victimes oubli¨¦es et humili¨¦es
de la Grande Guerre»
La conf¨¦rence a ¨¦t¨¦ suivie avec int¨¦r¨ºt par
un public averti
(voir
http://jjgodbranc.free.fr/Histoire_onglet_du_bouquin_Opinions.htm)
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Pr¨¦sentation par
Maryse Trannois, vice-pr¨¦sidente de
G¨¦n¨¦alogie-Aisne,
secr¨¦taire de l'IUTA
de Saint-Quentin,
pr¨¦sidente de la
Soci¨¦t¨¦ Acad¨¦mique de Saint-Quentin.
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La conf¨¦rence avec
passion ¡ |

En cours de
conf¨¦rence : les d¨¦portations
massives dans le Nord et l¡¯Aisne ¡
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Fin de conf¨¦rence : «
Effaçons la haine,
mais conservons la
m¨¦moire »
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